En 1924 une Université Populaire est créée à Tours. Elle a pour objet « Éducation du peuple » et siège au 11 rue Jean Macé… tout un symbole. Comme celle de Tours, de nombreuses Universités Populaires naissent au début du XXème siècle dans le contexte des luttes ouvrières. Elles veulent offrir aux prolétaires les outils pour résister aux déterminismes, ou encore mieux : déterminer eux-même leur place dans le partage social. Près d’un siècle plus tard, ces espoirs de liberté ont été poussés dans le dos vers la fuite en avant de la productivité et du progrès, emportant du même élan tous les vivants dans une nouvelle ère géologique : l’anthropocène.
Si cette ère place les sociétés humaines face à leurs limites, elle rend plus perceptible – plus matérielle – la communauté des vivants à laquelle nous appartenons. L’Université Populaire de Tours, sensible à ces liens que nos résistances renforcent, a choisi de se renommer Université Populaire pour la Terre. Il y a la grande Terre, Gaïa, Ala ou Patchamama : un ensemble de mondes où dialoguent les possibles – le Tout-Monde de Glissant – c’est la Terre qui nous habite. Et puis il y a la terre intime, celle de la culture qui nourrit les corps et les esprits, l’humus sur lequel fleurissent les lieux d’expériences – la terre qu’on habite. Voilà ce qu’il faut lire dans notre vœux, notre horizon : Habiter la Terre à l’ère de l’anthropocène.